Lettre à un ami

Publié le par Henri FOURNOLS

Cher Victor,

Pour te décrire les mœurs d'une triste époque, je t'ai adressé par courriel cet extrait d'Eugénie Grandet, œuvre publiée par Balzac en 1833:

" Le père Grandet était en 1789 un maître-tonnelier fort à son aise, sachant lire, écrire et compter...

Dès que la République française mit en vente les biens du clergé, moyennant deux cents doubles louis offerts au farouche républicain qui surveillait cette vente, il eut pour le prix d'un morceau de pain, légalement, sinon légitimement, les plus beaux vignobles de l'arrondissement, une vieille abbaye et quelques métairies...

Il fournit alors aux armées un ou deux milliers de pièces de vin blanc, et se fit payer en superbes prairies...

Puis le bonhomme Grandet devint maire...

Mais Napoléon le remplaça par un futur baron de l'Empire.

Monsieur Grandet quitta les honneurs municipaux sans aucun regret: il avait fait faire, dans l'intérêt de la ville, d'excellents chemins qui menaient à ses propriétés... pour lesquelles il ne payait que des impôts modérés! "

Je t'affirmais qu'aucun élu actuel n'oserait user et abuser de telles pratiques illégales et scandaleuses.

Cher Victor, ta réponse me surprend et me désole.

Tu crois que... Comment? tu penses que...Tu dois plaisanter...

Les preuves que tu apportes sont accablantes... et tes mots sont vraiment durs... concussion...corruption... prise illégale d'intérêt... détournement de fonds publics...

Je n'en crois pas mes yeux!

Nous vivrions donc, nous aussi, une triste époque... Pauvre France!

Tu as gâché mes deux semaines de vacances, mais je te remercie tout de même.

Cordialement,

Emile

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